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Les défis de l’espace Maghrébo-sahélien

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Les défis de l’espace Maghrébo-sahélien

Première partie

Après avoir rappelé dans mon article intitulé ‘’La migration et l’espace maghrébo-sahélien’’ que les guerres, la pauvreté, la famine, le terrorisme, les migrations, mettent au défi les peuples de l’espace maghrébo-sahélien, de l’U.E, de l’Afrique, voire même du Proche et Moyen-Orient, je vais remettre sous les yeux du lecteur un autre point de vue sur ‘’les défis de l’espace maghrébo-sahélien’’ que j’avais déjà écrit et fait publier il y a quelques années.

En effet, l’état actuel des choses de ni guerre ni paix relatif au conflit algéro-marocain n’est-il pas le nœud gordien de la situation problématique au Maghreb et au Sahel ? Ce statu quo de ni guerre ni paix qui arrangent bien les affaires des deux principales puissances occidentales, la France et surtout les U.S.A, peut se rompre à tout moment par le déclenchement d’une guerre entre le Maroc et l’Algérie, dont les conséquences seront catastrophiques pour la région maghrébo-sahélienne et l’U.E. Celle-ci ne se trouve-t-elle pas à peine à 8 km à vol d’oiseau du Maghreb.

Ce conflit algéro-marocain va-t-il inciter les pays maghrébo-sahélien de faire des efforts de volonté pour réaliser une intégration régionale prospère et pacifique pouvant faciliter un rapprochement entre l’Afrique et l’U.E d’une part, et le Proche et Moyen Orient de l’autre ? C’est pourquoi, devant ces questions défiantes, je vais me permettre d’insister dans la suite de ces lignes sur ce conflit qui dure depuis des décennies.

Pourquoi l’Afrique et l’U.E, surtout la France et l’Espagne, doivent soutenir la thèse de l’autonomie ?

Ce vaste désert qu’est le Sahara ne s’étend-il pas d’un seul tenant de l’Atlantique à la mer Rouge et de l’Afrique du Nord aux pays du Sahel, y compris l’Egypte, sur près du quart de l’Afrique ? Du point de vue géographique, politique ou économique, il reste difficile d’enserrer ce désert en une entité parfaite, voire d’en préciser les limites.

De même, géographiquement, le Sahara ne possède aucune frontière naturelle : mer, fleuve, montagne. Sur le plan politique et administratif, le Sahara a été remembré, puis démembré arbitrairement par le colonialisme en régions entre les divers territoires de l’espace maghrébo-sahélien, le Niger, le Tchad…, et surtout l’Algérie qui, au sortir du colonialisme français, en a eu la part de lion aux dépens du Maroc qui avait été amputé d’une grande partie de son Sahara au sud-est et au sud-ouest.

La thèse de l’autodétermination à laquelle s’accrochent des éléments du pouvoir algérien en place tel un aveugle ne correspond nullement et aucunement à la réalité de cet immense territoire où tout se passe à grande échelle, où les distances sont considérables et où toute tentative de définition du Sahara est une entreprise extrêmement complexe, voire impossible. Aussi, si on ajoute à ces particularismes l’autodétermination, la situation actuelle de cette zone qui est déjà assez compliquée va encore empirer. Elle fait courir de grands risques de contagion à toute la région maghrébo-sahélienne où le feu qui prend à un bout, pourra se propager instantanément à l’autre bout.

Un examen attentif et critique qui tient compte de l’état politique actuel du Maghreb et du Sahel, ne peut que créer chez l’observateur un sentiment de préférence de l’autonomie à l’autodétermination. L’autonomie va dans le sens du courant de l’histoire, car elle permet aux pays de la zone maghrébo-sahélienne d’aller au-delà du piège des frontières tendu par le colonialisme qui ne correspond nullement et aucunement aux réalités sahariennes, et de s’occuper prioritairement des besoins existentiels de ses peuples.

Entre l’Afrique du nord et les pays du sahel au sud, il y a une immense zone saharienne aux deux visages qui est extrêmement riche en matières premières stratégiques. Cette zone subit à l’heure actuelle des bouleversements d’une portée considérable qui en modifient profondément la physionomie. Sur son sol s’affrontent et se heurtent deux mondes différents. D’un côté, un ensemble d’expériences et d’adaptations millénaires, héritage d’une longue suite de civilisations locales avec des peuples menant une vie nomade et se déplaçant librement à travers cette zone sans entraves frontalières. De l’autre, une violente et rapide intrusion des méthodes techniques modernes, fondamentalement étrangères à la vie du désert, mais cherchant à en surmonter les difficultés par la force mécanique. Entre les deux une différence fondamentale : les sahariens d’autrefois se soumettaient à la loi du désert, ceux d’aujourd’hui cherchent à lui imposer la leur. D’un côté la tradition, de l’autre l’évolution. Opposition entre Sahara d’autrefois et Sahara d’aujourd’hui, contraste séparant le désert des caravanes et des palmiers-dattiers de celui des camions poids lourds et autres engins mécaniques, tel sera le fil conducteur de l’étude que voici.

Saïd Chatar

A suivre…

Saïd CHATAR