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Pour une politique de santé en Afrique (2)

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Pour une politique de santé en Afrique (2)

Deuxième partie

Les options

Première option : participation de la communauté

La participation de la communauté  consiste en la promotion de la santé qui nécessite la participation effective de la communauté et des individus aux prises de décisions à tous les échelons. La compétence technique ne peut assurer à celui qui la possède un monopole en droit ou en fait, de la prise de décision ; il doit surtout se consacrer à fournir une information objective, base nécessaire et préalable à toute décision. Cela ne veut pas dire non plus que le rôle du technicien est ramené à un rôle passif d’exécution. Il assure un rôle politique par sa volonté de créer l’information pertinente et par le fait même de transformer la sensibilité de la communauté. Aussi conserve-t-il les devoirs politiques de tout citoyen.

Par ailleurs, décider d’une action sanitaire ou médicale exige de comparer les avantages qu’on en attend, c’est-à-dire les effets, aux désavantages prévisibles, c’est-à-dire aux coûts.

Coûts et effets résultent à la fois d’éléments objectifs mesurables et d’éléments subjectifs liés à des valeurs culturelles, sociales ou individuelles. Mal informé, l’individu ou la communauté, prend des décisions basées uniquement sur les éléments subjectifs. Les décisions ne deviendront valables que lorsque les éléments objectifs entreront également en ligne de compte. C’est là qu’interviennent les techniciens de la santé. Mais c’est à l’individu, à la communauté, qu’il appartient de prendre la décision parce qu’ils ont seuls le droit moral de juger si les effets justifient le coût. Ceci nous parait la seule attitude ‘’humaniste’’ qui s’oppose à l’attitude ‘’technocratique’’, fort proche de l’attitude ‘’magique’’.

En pratique, une décision efficace et efficiente devra être prise en fonction de certains éléments objectifs que le technicien connait et qu’il interprète à la lumière des valeurs culturelles partagées par la communauté. Il s’établira alors un rapport équilibré et caractérisé par une relation de confiance. Par contre, si le technicien tente consciemment ou inconsciemment d’imposer les éléments objectifs et subjectifs (c’est-à-dire ses propres valeurs culturelles), il violera la conscience collective, alors aucun rapport équilibré ne sera établi entre la communauté et le technicien.

Deuxième option : la santé dans son contexte socio-économique et socioculturel

L’organisation médico-sanitaire doit tenir compte du contexte socio-économique et culturel général. Elle doit tendre à assurer le plus haut niveau de santé possible de l’ensemble de la population en fonction de ce contexte. Elle doit tendre à assurer le plus haut niveau de santé possible de l’ensemble de la population en fonction de ce contexte.

La santé n’est qu’un bien parmi d’autres (éducation, culture, épanouissement professionnel, logement, environnement, responsabilité politique, accès à l’eau potable, l’hygiène, lutte contre la pollution, gestion rationnelle des déchets ménagers, industriels, solides et liquides, etc.). Tous les aspects de la promotion humaine et donc de la santé nécessitent des efforts, des privations, des dépenses appelées habituellement les ‘’investissements sociaux’’. Leurs bénéfices se mesurent en amélioration du bien-être ou, mieux encore, de la qualité de la vie humaine.

Concevoir que la santé fait partie de cet ensemble, c’est accepter que les ressources disponibles en hommes et en argent soient répartis de façon harmonieuse entre les divers investissements sociaux. Par ailleurs, il faut accepter des priorités dans la répartition des investissements d’aujourd’hui qui conditionnent le bien-être de demain. Ces choix qui seront l’expression de la communauté elle-même, ne pourront nullement et aucunement  dépendre exclusivement des techniciens de l’économie, et des techniciens d’autres secteurs sociaux particuliers.

Le technicien qui veut influencer la répartition générale des dépenses doit fournir les éléments objectifs de décision, à savoir, les coûts et les bénéfices sanitaires marginaux : quels résultats pouvons-nous attendre de l’achat d’un nouvel équipement chirurgical ou d’un nouveau matériel médical lourd ? Combien de décès par accident de la route pourrons-nous empêcher par une campagne de prévention routière…, ? Cependant, la méthodologie qui permet de comparer les divers bénéfices sociaux et de prévoir le rendement futur des investissements économiques est encore inexistante en Afrique. Les recherches en ce domaine dépendent en grande partie de l’économiste, du mathématicien et statisticien, du sociologue, du psychologue… Par contre, la mise au point d’une méthodologie de la planification sanitaire est le propre du technicien sanitaire.

Malheureusement, la formation politique de la population, des techniciens et autres experts est insuffisante et ne leur permet pas encore de voir la structure sociale comme un système complexe composé d’éléments interdépendants. La santé intégrée suppose non seulement une éducation sanitaire mais également une conscience politique dont les décisions peuvent alors affecter les crédits de la manière la plus  rationnelle et la plus utile pour la communauté.

A suivre…

Saïd  CHATAR 

Bruxelles