Première partie
Préambule
Deux associations (A.S.B.L) ont pris l’initiative d’organiser à Bruxelles le 11 mars 2021, une rencontre avec les jeunes de la diaspora marocaine pour tenter de leur expliquer la situation problématique des frontières que les pays du Maghreb ont hérité du colonialisme franco-espagnol. Ainsi ai-je accepté l’invitation à participer à cette action pour donner quelques éléments d’information à ces jeunes sur le conflit du Sahara dit occidental derrière lequel se tient le régime militaire algérien dont le but est d’empêcher le Maroc de consolider le parachèvement de son intégrité et son intégration territoriales.
Ci-dessous le résumé que j’ai fait à cette occasion sur le conflit du ‘’Sahara occidental’’ qui existe depuis plus de 4 décennies. Il comprend trois parties que voici :
I – L’origine du conflit (1970-1975)
Avant d’aborder la question du conflit relatif au Sahara occidental que j’ai toujours préféré appeler le conflit algéro-marocain, il faut en revenir à l’histoire coloniale au début du 20ième siècle. C’est pourquoi, je tiens à vous évoquer l’acte final de la conférence d’Algésiras du 7 avril 1906 qui reconnait à la France et l’Espagne des droits particuliers, alors que l’Allemagne n’a obtenu qu’un droit de regard sur les affaires de l’empire chérifien qui était chancelant à cette époque*. Dès lors, ces deux pays se sont permis de procéder au partage de l’empire chérifien marocain. La France fait de la majeure partie du pays son “protectorat”. L’Espagne occupe le Rif (la province du nord), à l’exception de Tanger, transformée en ville internationale. L’Espagne s’installe également au Sud, là où le Sahara rejoint l’océan atlantique dans une très longue bande de terre d’environ 266.000 km2. Et enfin au Sud du Sahara en question, la France occupe la région de Chenguit, l’actuelle Mauritanie.
Au milieu des années 1970, quand Madrid se décide enfin de quitter le “Sahara espagnol’’ comme on l’appelait à l’époque ? La Mauritanie en revendique la petite partie méridionale, le 1/3, et le Maroc la plus grande partie septentrionale, c’est à dire les 2/3 au nom des allégeances (Beiya) que les chefs des tribus nomades du désert faisaient à leurs sultans successifs de l’empire chérifien. C’est pourquoi le peuple marocain tout entier, avait et continue toujours à estimer unanimement que ce territoire doit lui revenir, excepté bien sûr le pouvoir boukharroubien de l’Algérie qui n’était pas d’accord avec cette vision de l’unanimité marocaine. Le comploteur Mohand Ou Brahim Vouthkharrouvth (Boukharrouba) alias Houari Boumediene qui avait usurpé le pouvoir par un coup d’Etat, avait fondé et mis sur pied en collaboration avec quelques activistes gauchistes d’origine du Sud du Maroc, en 1973, un mouvement fantoche, le Polisario, afin d’empêcher le peuple marocain de récupérer ses provinces sahariennes et de consolider son intégrité territoriale, que le colonialisme espagnol lui avait usurpé après la conférence d’Algésiras de 1906. Ainsi Mohand Ou Brahim Boukharrouba alias Houari Boumediene voulait-il mystifier l’opinion internationale en lui faisant entendre que le Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui qui plaide pour un référendum d’autodétermination pouvant conduire à l’indépendance (voir mes articles précédents dans Google : Chatar said Dounia News ou bien sur mon blog personnel : saidchatar.be).
Cela étant, Le Maroc anticipe en agissant rapidement le 6 novembre 1975, alors que l’armée espagnole est toujours présente au Sahara. En effet, le roi Hassan II prend tout le monde au dépourvu et lance la Marche verte à laquelle ont participé quelque 350.000 âmes, avec des femmes et des hommes sans armes. Ceux-ci traversent la frontière et entrent pacifiquement au Sahara occupé par l’Espagne. Mise devant le fait accompli, L’Espagne cède aux demandes du Maroc et de la Mauritanie. Les 2/3 du nord iront au Maroc et le 1/3 du sud à la Mauritanie.
II – La guerre (1975 -1991)
Face à ce coup de force de la Marche verte initiée par le défunt le Roi Hassan II, comme on l’a mentionné plus haut, l’Algérie, par le truchement de sa créature fantoche le Polisario, entreprend aussitôt la lutte dont le but est d’empêcher le Maroc de consolider son intégrité territoriale en proclamant en février 1976 la République arabe sahraouie démocratique (RASD), un Etat non reconnu internationalement, qui réclame la souveraineté de ce territoire saharien. Dès lors, la guerre commence. Quelques milliers de Sahraouis furent conduits de force par l’armée boukharroubienne et sa créature le Polisario dans des camps installés autour de Tindouf (sud-ouest algérien) qui faisait partie du royaume chérifien et que le colonialisme français avait annexé de facto à l’Algérie française de jadis.
On dirait que ce conflit algéro-marocain a été programmé pour durer. Le mouvement fantoche, le Polisario qui est soutenu et armé par l’Algérie et la Libye (jusqu’à 1982 – 83), gagne en 1979 un coup en réussissant, après une guerre d’embuscades et un changement de régime à Nouakchott, à sortir la Mauritanie du jeu. Celle-ci renonce à son morceau de Sahara et se retire derrière ses frontières au bénéfice du Maroc qui récupère la totalité de son territoire.
Pour mieux lutter contre les avancées ennemies de l’Algérie et de sa créature le Polisario, le Maroc conforte sa position dans les années 1980 en érigeant un immense mur de 2.700 km, soigneusement gardé par ses soldats et une technologie hautement sophistiquée dessinant une longue frontière au milieu du territoire. Le côté ouest (80% du Sahara qui sont contrôlés par le Maroc, et de l’autre, 20% font partie de la zone neutre).
De même, la guerre est également intense sur le front diplomatique, à l’ONU, avec l’Europe, ou dans les instances africaines. En 1982, l’Algérie et la Libye, avec la complicité de Edem KODJO alors S.G de l’OUA, réussissent à faire entrer la république fantôme, la RASD à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union africaine) et deux ans plus tard, le Maroc quitte l’institution en signe de protestation.
III – Le piétinement (1991 à nos jours)
En 1991, l’ONU réussit enfin à faire accepter un cessez-le-feu aux belligérants. L’ONU envoie sur place la Minurso, une mission de maintien de la paix qui a pour objectif, soit l’organisation d’un référendum d’autodétermination, mais dans ce cas qui doit participer au vote ? soit l’autonomie de ce territoire qui fait presque 3 fois la superficie de la Belgique, tout en le gardant sous la souveraineté marocaine. Ce que l’Algérie boukhrroubienne refuse. Et cela fait plus de 4 décennies que les belligérants s’accusent mutuellement du blocage du processus paix et que rien n’avance.
Il est à signaler à ce propos qu’à la suite de la récupération légitime de ses régions méridionales qui lui appartiennent, le Maroc fait beaucoup d’envieux. Il excite les convoitises de beaucoup de puissances, voire des pays pour des intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques. Le Maroc se trouve au confluent de l’atlantique avec une façade de 2934 km et de la méditerranée avec une façade de 512 km où 40 % du commerce international transite par le détroit de Gibraltar. Il lie les trois continents : l’Afrique au Sud, l’Europe au Nord et le Machrek et l’Orient à l’Est. Quant à ses provinces du sud, il n’y a pas que du sable, il y a aussi des gisements importants de phosphate et un littoral qui passe pour être l’un des plus poissonneux du monde.
Le grand avantage du Maroc dans ce conflit qui dure depuis plus de 4 décennies, c’est que le pouvoir militaire algérien se trouve tout seul non seulement face au peuple marocain tout entier qui est persuadé d’être dans son bon droit et que le Sahara occidental lui appartient, mais aussi devant la grande majorité du peuple algérien qui ne se sent nullement et aucunement concerné par ce conflit.
Après son départ de l’OUA, le Maroc a adhéré à nouveau à l’Union africaine en 2017. Le Roi Mohammed VI a aussi affirmé plusieurs fois être prêt à bouger. Mais face à cela, l’Algérie refuse tout dialogue avec le Maroc et continue toujours à garder depuis plus de 4 décennies une partie de la population saharienne en otage dans des conditions atroces dans des camps de fortune à Tindouf situé au Sahara oriental qui faisait partie de l’empire chérifien du Maroc.
Enfin, pourquoi cette grande animosité de l’Algérie envers son voisin le Maroc qui l’avait soutenu et aidé dans sa guerre de libération contre le colonialisme français ? Pourquoi ce sentiment durable de malveillance envers le peuple marocain ? Ce sont des questions sur lesquelles que je vais revenir prochainement.
Saïd CHATAR
*Résultats pour la déclaration d’Algésiras le 7 avril 1906
La conférence s’ouvre à Algésiras le 16 janvier 1906. Un droit de regard est reconnu à l’Allemagne sur les affaires marocaines. Toutefois la France et l’Espagne obtiennent des droits particuliers sur les affaires marocaines, en raison des intérêts liant ces pays (Acte final de la conférence d’Algésiras, 7 avril 1906).