Préambule
L’accès aux technologies et aux moyens financiers et matériels qui peuvent bénéficier au développement et à la transformation du Maroc, est toujours contrôlé par une élite qui a bénéficié de l’indépendance avec la complicité du néo-colonialisme et du grand capital apatride. Aussi le défi de la création des richesses est rendu difficile par le fait que les nouvelles forces montantes qui veulent participer activement au développement du Maroc dans un cadre d’une croissance inclusive, se heurtent aux sabotages et aux entraves bureaucratiques que leur tend le pouvoir et ses féodalités.
Diaspora et développement durable au Maroc
Comment peut-on exploiter les impulsions créatrices innées du peuple marocain pour aller au-delà des modes de survie ? C’est le défi que le Maroc doit relever devant le grand capital, ses monopoles et ses collaborateurs locaux, qui exercent leur suprématie économique. Comment va-t-on procéder à puiser dans le potentiel créatif et dynamique du peuple marocain qui est mis volontairement de côté. C’est une interrogation majeure à laquelle le pouvoir marocain est obligé de répondre. Toutefois, compte tenu du courage, de la persévérance et de la structure pyramidale des âges du peuple marocaine, de l’esprit d’entreprise de sa jeunesse, je pense qu’avec plus de vigilance, d’encadrement, d’information, et de motivation des diplômés chômeurs pour les pousser à créer des P.M.E, P.M.I et T.P.E, la croissance finira par atteindre les plus pauvres (1). Sinon, ce sera toujours une croissance déséquilibrée et exclusive.
C’est dans ce contexte socio-économique et politique auquel le peuple marocain refuse de se soumettre, que la jeunesse veut participer à un développement durable au Maroc. A cet effet, certains jeunes entrepreneurs de la diaspora marocaine ont décidé de s’engager dans le développement durable, plus particulièrement dans l’économie circulaire et l’environnement tel que le traitement des déchets ménagers solides et médico-hospitaliers par exemple (2). Ce procédé de traitement des déchets est écologique. Il consiste en le tri-recyclage-compostage de ces déchets. C’est un procédé qui valorise au maximum les éléments recyclables issus des déchets pour les réintégrer ensuite dans le marché économique (3).
A travers ce projet, l’intention de ces jeunes entrepreneurs de la diaspora est, d’abord de débarrasser les villes et les campagnes du Maroc des déchets ménagers solides et assimilés qui présentent un grand danger pour les populations urbaines et rurales ; ensuite de contribuer à promouvoir les aspirations entrepreneuriales de nos jeunes diplômés chômeurs qui sont l’objet de discrimination et d’humiliation à cause d’un système administratif hermétique, statique, auquel ils se heurtent. Alors que normalement, ces diplômés chômeurs qui sont tenus à des rôles périphériques et à des jobs bidon sont eux aussi des entrepreneurs dans leur droit. C’est une interrogation majeure à laquelle le Maroc se doit de répondre.
Quant au mode de gestion des déchets ménagers solides et assimilés choisi par le pouvoir marocain, il implique d’une façon de plus en plus active et abusive le secteur privé dans les différents maillons de la filière des déchets ménagers, qui ne répond nullement et aucunement à cette interrogation. Ce mode de gestion délègue le traitement des déchets ménagers à un délégataire privé selon le procédé qui consiste en l’ouverture des avis d’appel d’offres. Ce procédé qui manque de transparence et qui a été extrêmement bénéfique pour les sociétés privées, s’est avéré catastrophique pour les populations urbaines et rurales du Maroc (VEOLIA et ensuite Verda et SOS à Berkane, S.O.S à Kenitra, idem pour Agadir, Tanger, Casablanca, etc.). Il s’agit de la Gestion Déléguée.
Cela étant, le but de ce projet que la diaspora a voulu réaliser au Maroc est de développer à côté de ce mode de gestion déléguée des déchets ménagers, un autre procédé qui va impliquer dans le cadre d’un développement durable, la société civile (associations, jeunes diplômés chômeurs), les autorités locales, le secteur privé et ce, avec la collaboration de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH), dans la gestion, le traitement et la valorisation des déchets ménagers solides et assimilés. Ce mode de gestion qui va s’appuyer sur une approche démocratique, inclusive, participative et transparente correspond pour le moment le mieux à la société marocaine. C’est une sorte de régie qui va être créée par la délibération des autorités locales et la société civile pour assurer la gestion des déchets ménagers. Dotée d’une autonomie financière et d’une personnalité morale, cette régie aura le statut d’établissement parastatal local relevant de la société civile et des autorités locales et communales.
Toutefois, hélas, en dépit de ses bienfaits et de son impact sur la création d’emploi, l’environnement et la santé publique, ce projet a buté sur une administration d’une autre époque, souvent incompétente, et complètement déconnectée des réalités nationales et internationales.
Ceci dit, le principe de cette initiative de la diaspora qui se base sur une approche démocratique, inclusive et participative, associant au niveau de chaque région les autorités locales, le milieu associatif, l’I.N.D.H, ainsi que le privé, pourra apporter une valeur ajoutée à travers toutes les régions du Maroc dans la promotion des P.M.E et P.M.I, de la croissance économique inclusive, du développement industriel, de la création d’emplois et surtout de la décrispation du statu quo social actuel et ce, en s’étendant à d’autres secteurs : la recherche, la technologie, l’éducation, notamment dans le secteur de l’énergie renouvelable, de l’agro-alimentaire, de la biotechnologie, etc.
Saïd CHATAR
Bruxelles le 2 janvier 2020
(1) Voir la deuxième partie de notre article intitulé : ‘’ Développement et emploi au Maroc’’
(2) voir mon article sur le traitement des déchets médico-hospitaliers(3) Voir notre précédent article sur le traitement déchets ménagers au Maroc.