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Diaspora africaine, migration et développement

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Les associations formées par les ressortissants africains issus des pays maghrébins et subsahariens restent faibles. Aussi a-t-il été établi les constats suivants : le premier constat consiste en l’absence de contact et de solidarité entre les africains du Maghreb et ceux des pays subsahariens en Belgique en particulier et en Europe en général ; le deuxième constat a mis en évidence l’incapacité des mouvements associatifs africains (maghrébins et subsahariens) d’organiser et de structurer des rencontres et des dialogues sous forme de projets à réaliser à court, moyen et long terme et de remplir pleinement leur mission de vecteur de la participation citoyenne, d’insertion de la diaspora africaine en Europe et dans leurs pays d’origine ; le troisième constat qui est inhérent aux deux précédents, décrit la dispersion due à des raisons internes et externes que nous n’allons pas développer ici, dans laquelle s’active la diaspora africaine de Belgique.

C’est pour cela que j’ai tenu à être présent à la Semaine Afrique 2017 et à la Semaine Mondiale de la diaspora africaine, qui ont été organisées successivement au parlement européen à Bruxelles par le groupe S&D (groupe des socialistes et démocrates) du lundi 25 au jeudi 28 septembre 2017, et par l’A.D.N.E (African Diaspora Network) le 9 octobre 2017.

Toutefois, force est de constater que ces initiatives n’ont pas permis d’avoir assez de débats de fond et des échanges interactifs sur la diaspora africaine qui agit en Belgique en particulier et en Europe en général dans un cadre associatif fragmentaire et désarticulé. En effet, ces deux rencontres n’ont été suivies d’aucune recommandation proposant à court, à moyen et à long terme aux mouvements associatifs de la diaspora africaine en Europe comment ils pourraient agir plus efficacement en vue de procéder au recollement des débris de celle-ci par des approches intégrées, multisectorielles, et ce en étroite collaboration avec l’U.E (l’Union européenne) et les pays d’accueil d’une part, l’U.A (l’Union africaine) et les pays d’origine d’autre part.

Pour mettre un terme à leur dispersion, les associations de la diaspora africaine en Belgique doivent absolument se grouper en fédération autour de projets communs en vue de fédérer leurs énergies en collaboration avec les pays d’accueil et l’U.E d’un côté, et leurs pays d’origine et l’U.A de l’autre. Il est à noter que cette fédération qui pourrait constituer un prototype d’organisation pour les autres diasporas africaines en Europe, aura son siège à Bruxelles.

Pourquoi Bruxelles ? Avec ses 28 pays membres de l’U.E et plus de 80 nationalités différentes, Bruxelles capitale de l’U.E est devenue le premier centre de stratégie lobbyiste pour le reste du monde. Plus de 6000 journalistes y sont accrédités auprès d’associations internationales, des institutions européennes et de l’OTAN. Bruxelles est également un espace géostratégique et géopolitique incontournable où des intelligences construisent des stratégies d’intérêts et anticipent sur les événements internationaux.

L’on pourrait supposer que dans le cadre de la diplomatie ‘’parallèle’’, cette fédération de la diaspora africaine de Belgique puisse faire l’objet d’un pont entre l’Afrique et l’Europe, agir comme catalyseur entre l’U.A et les sociétés civiles des pays africains d’une part, l’U.E et les sociétés civiles des pays d’accueil d’autre part, dans le développement de la coopération entre les pays des deux rives de la Méditerranée en vue de donner un meilleur avenir aux populations du Sud dans leurs propres pays, et réduire ainsi les flux migratoires du Sud vers le Nord.

Par ailleurs, les migrations dans l’espace afro-européen ne finissent pas de se développer et de revêtir de plus en plus d’importance géopolitique en cette période dite de crise où les migrants se trouvent confrontés à des situations particulièrement difficiles. Les pays d’accueil sont devant une situation problématique migratoire duale qui repose sur deux positions que voici : la première est purement politicienne et démagogique qui consiste à arrêter les flux migratoires ; la deuxième qui est économique et surtout plus réaliste et pragmatique veut développer ou plutôt organiser ces flux en fonction des besoins en main-d’œuvre en vue de fluidifier le marché du travail.

Les Africains et les Européens ne devront pas ramener le phénomène migratoire uniquement à la seule gestion des flux spatiaux, se basant uniquement sur des critères mécaniques, au mépris du développement des pays du sud. Le problème migratoire doit être placé dans un contexte politique et économique régional et international, systémique et global. L’U.A et l’U.E doivent renouer le dialogue qui consiste à hiérarchiser, articuler les difficultés relatives à la migration et essayer de les régler selon un échéancier en tant que partenaires, voisins partageant une histoire et un même destin… Et à ce propos, vu l’élargissement considérable du champ des relations internationales en raison de la mondialisation, des mutations planétaires, des problèmes sociétaux tels que la démographie, la migration, le sous-développement endémique des pays du sud, les atteintes à l’environnement et à la biodiversité qui exigent de plus en plus de compétences techniques et scientifiques, la diaspora africaine pourra jouer un rôle non négligeable dans les rencontres régionales (U.A-U.E) en particulier et internationales en général.

Mais comme nous avons rappelé au début de cet article que les associations africaines qui s’activent en Belgique et ailleurs dans la dispersion sont faibles, il est temps que la diaspora africaine commence à se regrouper en vue de former une fédération qui va l’encadrer, l’accompagner, l’orienter, l’aider, lui apprendre à motiver les migrants africains qualifiés à partager leurs expériences, à investir, à effectuer par exemple des séjours temporaires ou définitifs dans leurs pays d’origine, à orienter et à aiguiller également les entrepreneurs, les volontaires et les chefs de P.M.E, P.M.I et de très petites entreprises (T.P.E) des pays d’accueil (européens) qui voudraient participer aux projets de coopération au développement dans les pays du sud. Tout cela bien sûr, doit être accompagné par des mesures et des mécanismes juridiques et financiers qui incitent la diaspora africaine et les entrepreneurs des pays d’accueil à aller investir dans les pays subsahariens et maghrébins tout en les protégeant contre les différents obstacles objectifs pouvant les rebouter.

En résumé, comme il a été rappelé plus haut, toutes les composantes de la diaspora africaine en Europe peuvent jouer un rôle essentiel, voire stratégique dans le développement de leurs pays d’origine. Par des retours temporaires, le partage des expériences, le transfert de technologies, de capitaux et l’investissement, la diaspora africaine pourra jouer, non seulement le rôle de catalyseur dans les rapports de compréhension et de tolérance mutuelle entre les peuples européens et africains, mais aussi participer au développement socio-économique, voire culturel de l’Afrique. C’est pourquoi, l’U.E doit développer une nouvelle approche de coopération avec l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne qui permet d’inclure des membres de la diaspora africaine vivant en Europe afin de contribuer à l’apparition et à l’émergence de nouveaux projets de développement.  

Saïd CHATAR

Blog : saidchatar.be

Bruxelles le 22 octobre 2017

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