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La diaspora des M.D.M, pont entre le Maroc et les pays d’accueil

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La diaspora des M.D.M, pont entre le Maroc et les pays d’accueil

Dans la suite de ces lignes, je vais mettre sous les yeux du lecteur un point de vue que j’avais déjà écrit il y a quelques temps sur les questions et le vécu qui émergent des situations problématiques de la diaspora des Marocains du monde (M.D.M) par rapport au Maroc.

Les inquiétudes de la diaspora des M.D.M devant la crise et l’agonie des pays d’accueil font partie d’une herméneutique de la réalité où s’expriment différentes sensibilités et analyses. Les relations de cette diaspora des M.D.M avec les pays d’accueil d’un côté et le Maroc de l’autre demeurent sous l’emprise d’une série d’incertitudes que personne n’est capable de maîtriser. La communauté des M.D.M, les gouvernants et les analystes du Maroc, ainsi que les spécialistes en matière de migration des pays d’accueil restent impuissants et divisés quant aux perspectives d’évolution de cette diaspora des M.D.M. Toutefois, nous estimons que la maîtrise des issues de ces perspectives de crise pourraient être atténuées, voire surmontables.

Dans le cas des perspectives de la diaspora des M.D.M et de l’expérience humaine en général, nous ne pouvons parler qu’à l’impératif et jamais à l’indicatif où l’action politique décèle une multitude de futurs possibles. Ainsi, devant une pareille situation qui est loin d’être simple, on en ferait le plus humblement du monde la critique et établirait les responsabilités, puis rechercherait des remèdes dans des voies nouvelles. Aussi nous demandons-nous si le régime monarchique marocain présent, la mondialisation et l’évolution de la diaspora des M.D.M n’ouvriraient-ils pas dans l’avenir des perspectives plus optimistes.

La diaspora des M.D.M qui ne doit compter que sur ses propres forces, ne peut mener à bien des activités probantes et concluantes qu’à travers des organisations et des associations capables d’élaborer des politiques avec des plans, des programmes et des projets communs. En recourant à des travaux d’approche systémique et multisectorielle, ces organisations et ces associations pourraient faire de la diaspora des M.D.M un pont socio-économique et culturel entre le Maroc et les pays d’accueil.

Mais l’action conjointe de ces associations et ces organisations de la diaspora des M.D.M des différents pays d’accueil ne va-t-elle pas faire une brèche dans la machine sociologique du Maroc en y introduisant des éléments nouveaux qui vont secouer l’ordre socio-économique, psychologique, cultuel et culturel ancestral ? Ces réformes conçues et appliquées dans les pays d’accueil de la diaspora des M.D.M vont-elles correspondre à une société marocaine féodale, conservatrice, et dont le taux d’analphabétisme est assez élevé. Face à cela, du rythme où vont les réalités sociologiques du Maroc, le pouvoir marocain est-il prêt à prendre le train de la mondialisation ? Va-t-il laisser la diaspora des M.D.M mondialisée qui aspire à la lumière, à la démocratie, à la justice, à la liberté d’entreprendre dans n’importe quel secteur socio-économique ou culturel, influencer les structures sociologiques et économiques de leur pays d’origine ? Ces influences conviendraient-elles au Maroc actuel et pourraient-elles avoir d’heureux effets sur la société de celui-ci qui devrait trouver en lui-même les sources de son énergie vitale, sa direction, son équilibre, ses adaptations, ses prévisions ?

Au lieu d’être composée de parties qui se heurtent les unes aux autres par égoïsme ou pour des intérêts individuels, la société marocaine devrait présenter un caractère de globalité et de complémentarité réagissant comme structure homogène d’où émanera une monarchie parlementaire apte à rassembler tous les citoyen(e)s de quelque obédience ou classe sociale que ce soit. Cette société devra être pleine de mouvements animés de l’intérieur par des pensées qui la pousseront à agir dans le sens des intérêts collectifs aux dépens des intérêts individuels. Ne seront-ce pas là les signes avant-coureurs d’une nouvelle société marocaine pour laquelle l’intérêt collectif prime tout ?

Le Maroc se trouve devant une évolution ou plutôt une transformation de la qualification de sa diaspora. La proportion de la première génération de celle-ci qui était composée majoritairement d’ouvriers et de travailleurs manuels a diminué, alors que celle des générations suivantes qui comprend de plus en plus des hauts et moyens techniciens (médecins, enseignants, chercheurs, avocats, élus, etc.) est en train d’augmenter. Ainsi assiste-on à une réduction sensible des activités primaires de cette diaspora au profit des diverses formes de direction, d’organisation, de prévision, de management, d’administration… Par sa culture intellectuelle, ses responsabilités et son glissement vers des postes de responsabilités de conception, de réflexion et de décision, cette diaspora pourrait influer sur les processus de décision politique des pays d’accueil au profit ou aux dépens de son pays d’origine qu’est le Maroc. De très nombreux éléments de cette diaspora entretiennent encore des rancoeurs et des ressentiments souvent légitimes contre le pouvoir marocain qui opprime son peuple, détourne les deniers publics et vide les caisses de l’Etat.

Pour que le Maroc soit capable d’être à la hauteur des attentes des Marocains de l’intérieur et de sa diaspora, il faut d’abord qu’il montre une volonté politique mettant en oeuvre des moyens adéquats en vue d’instaurer une démocratie, et ce en commençant d’abord et avant tout par une répartition équitable des avantages économiques qui sont pour le moment concentrés entre les mains de quelques potentats.

Toutefois, il ne s’agit pas ici seulement de répartir des richesses de façon équitable, il est également question de donner à tout le monde la possibilité d’entreprendre librement pour créer des richesses et d’investir dans des projets de quelque secteur que ce soit. A cet effet, le Maroc doit mettre sur pied une véritable politique de croissance inclusive en arrêtant sa politique des paradoxes et des petites solutions conjoncturelles à ce niveau. Car pour le moment, tous les efforts qu’il fournit sont concentrés dans une politique de croissance exclusive au bénéfice du grand capital. La majorité des Marocains de la diaspora qui veut investir au Maroc rencontre des difficultés bureaucratiques. Elle bute contre des obstacles tendus par des potentats liés à la haute finance apatride, qui monopolisent encore et toujours les richesses nationales marocaines. Ce sont des questions cruciales auxquelles le Maroc doit absolument répondre : questions de choix socio-économiques et politiques qui n’avaient jamais été aussi graves. Cette juste répartition au sein de la nation marocaine ne sera possible que si les Marocains de l’intérieur et de l’extérieur (la diaspora des M.D.M) sont protégés par une véritable justice et assurés de structures institutionnelles en phase avec le monde moderne. Toutefois, ces rappels soulèvent de redoutables approches politiques, socio-économiques, culturelles et psychologiques. C’est pourquoi, il serait souhaitable que le Maroc avançât prudemment, mais sûrement, sereinement, sans retour en arrière dans ces voies. Car il est certain que les structures socio-économiques et politiques de demain vont dépendre en grande partie des choix de la politique d’aujourd’hui.

Pour ce qui est de la démocratie, il convient de signaler au lecteur que j’avais déjà rappelé dans mes écrits précédents que les élections ne sont pas une fin en soi mais un moyen car le but est d’abord de faire entrer la démocratie dans la vie, dans les mœurs et dans les institutions et non pas l’afficher sur les lieux publics. C’est seulement ainsi que toutes les couches de la société marocaine, y compris la diaspora, puissent s’exprimer et participer activement à la gestion des affaires politiques et socio-économiques du Maroc via des élections libres et démocratiques. Une grande partie de la diaspora des M.D.M a l’impression que le pouvoir marocain est en train de la berner en recourant à des mascarades et à des subterfuges tels que le C.C.M.E et autres organisations religieuses bidon (C.E.O.M, etc.).

Malheureusement, force est de constater que toutes ces mises en scène que le pouvoir réalise en direction de la diaspora des M.D.M sont trompeuses. Il veut lui faire croire qu’il agit avec justice et sérieux, alors que son objectif essentiel et fondamental est de la réduire à la docilité, 3

la passivité, le voyeurisme et le silence. En somme, il veut faire de la diaspora des M.D.M une vache à lait qu’il traira à sa convenance.

Saïd CHATAR

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