« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font du mal mais par ceux qui regardent et refusent d’agir », Albert EINSTEIN.
Le problème de la question nationale et démocratique au Maroc ne peut être résolu qu’à travers sa situation actuelle. Le Maroc vit une période de transition institutionnelle et constitutionnelle cruciale, où la « monarchie parlementaire » ne s’est pas encore établie. Les journées de « tempêtes » et de « complications » sont encore à venir. D’où les « mouvements » présents et futurs, « mouvements » qui se donnent pour but la « monarchie parlementaire », c’est-à-dire la « pleine démocratisation ».
C’est en liaison avec ces mouvements que doit être envisagée la question nationale (autonomie de la zone sud, régionalisation, décentralisation et déconcentration) et démocratique. La pleine démocratisation du pays est la base et la condition de la solution du problème national.
Aussi convient-il de tenir compte, à propos de ce problème, non
seulement de la situation intérieure, mais aussi de la situation
extérieure. Le Maroc fait partie du Maghreb qui est une zone extrêmement
importante sur les plans géopolitique et géostratégique. La démocratie
dans cette région est inévitable, mais pas n’importe comment et à
n’importe quel prix. Le Maghreb qui est très riche en matières premières
stratégiques et qui se trouve coincé entre l’Europe (au nord),
l’Afrique (au sud) et le Moyen-Orient (à l’est) excite les convoitises
et aiguise les appétits des « prédateurs ». Tout se qui se passe
actuellement au Maghreb n’est pas un effet du hasard.
Le grand capital qui traverse une crise grave et sans précédent se sent
de plus en plus à l’étroit, et se rue vers d’autres régions, à la
recherche de nouveaux champs d’activité : le Maghreb avec le conflit
algéro-marocain, la Tunisie, l’agression de l’O.T.A.N contre la Libye,
etc. Nul ne peut dire que ces conflits soient la fin, et non le début
des complications encore plus graves non seulement à l’intérieur, mais
aussi à l’extérieur du Maghreb, comme c’est le cas actuellement en Irak
et en Afghanistan.
Dans ce contexte politique plus que délicat au Maghreb, le Polisario, composite noyauté par une minorité originaire du sud du Maroc, encadré et soutenu par l’Algérie, a trouvé nécessaire de poser et de résoudre la question nationale par l’amputation du Maroc d’une partie de son sud.
Toutefois, l’amputation du Maroc de sa région du sud,
désagrège-t-elle et affaiblit-elle l’hégémonisme du grand capital dans
cette région ? Affranchit-elle les peuples maghrébins du joug de
celui-ci ?
Ce procédé de sécession choisi par la partie réactionnaire du pouvoir algérien et son Polisario n’est pas utilisable.
En premier lieu, il est artificiel et non viable, car il suppose le rassemblement artificiel, dans une seule « nation », d’individus que la vie réelle sépare et jette aux différents points de l’Etat, sahraouis algériens, marocains, libyens, mauritaniens, touaregs des pays du sahel et autres ethnies. Nous avons là une illustration de la politique de désarticulation et de division des problèmes et des solutions du Sahara qui couvre toute l’Afrique du Nord. C’est une politique qui fait courir des grands risques au Maghreb où le feu qui prend à un bout, pourra se propager instantanément à l’autre bout ; d’autant plus que toutes les richesses minières et stratégiques algériennes (pétrole, gaz, uranium, or, etc.) se trouvent dans le sud de l’Algérie, c’est-à-dire au Sahara qui avait été annexé ipso facto à celle-ci naguère française; signalons à ce sujet qu’avant l’avènement du colonialisme français, l’Algérie qui était dirigée par un Bey, vassal de la Turquie était un territoire de plus ou moins 575.000 Km2, appelé par les arabes, Djesirat el Moghreb, c’est-à-dire l’Île du couchant , qui est bordée au sud par une mer de sable et au nord par la méditerranée.
En second lieu, il pousse au chauvinisme et au nationalisme borné, car il conduit vers le point de vue de « délimitation » des individus par curies nationales. Il conduit à maintenir et à cultiver les « particularités nationales», ce qui ne correspond nullement et aucunement au projet de l’Union du Maghreb Arabe (U.M.A). Cette atomisation du Maghreb souhaitée et soutenue par certains éléments réactionnaires du gouvernement algérien et du Polisario qui apparaissent sur la scène politique africaine et internationale fait le jeu de l’impérialisme, car aucune de ces communautés ne pouvant se suffire à elle-même, devient une particule du marché mondial dépendante des meneurs de jeu impérialiste, seuls bénéficiaires de ce morcellement et de cette désintégration du grand ensemble maghrébin. Et, d’ailleurs, ce n’est pas par hasard que l’impérialisme oscille autour de cette question tel un pendule simple synchrone, tantôt en direction du Maroc, tantôt en direction de l’Algérie et de ses sécessionnistes du Polisario.
Toutefois, un Maghreb uni et intégré va-t-il voir le jour ? Connaîtra-t-il une solution qui répondra aux aspirations des peuples de cet espace consistant en une intégration économique, politique et sociale régionale du Maghreb ? Solution qui substituera la culture politique d’avenir de l’« Etat-Région » souhaitée par les peuples des cinq pays maghrébins à la culture du passé de l’« Etat-Nation » léguée par le colonialisme et perpétuée par les « élites » postcoloniales.
Ainsi, l’amputation du Maroc de son sud ne résout pas la question. Où est donc l’issue ?
La seule solution juste, c’est l’autonomie. L’avantage de celle-ci
consiste non en une fiction sans territoire, mais en une population
déterminée vivant sur un territoire déterminé. Ensuite, elle ne délimite
pas les individus par nations, elle ne rencontre pas les barrières
nationales ; au contraire elle démolit ces barrières et groupe la
population pour ouvrir la voie à une délimitation d’un autre genre, à la
délimitation socio-économique, politique et culturel. Enfin, elle
permet d’utiliser de la meilleure façon les richesses productives, sans
attendre les décisions du centre commun.
Ainsi, l’autonomie et la régionalisation constituent une étape indispensable dans la solution de la question nationale et démocratique du Maroc. Par conséquent, le processus d’autonomie et de régionalisation n’aura de sens que si on donne au pays une démocratie intégrale dans un cadre de monarchie parlementaire ; sinon, ce processus de régionalisation et d’autonomie perdra tout fondement.
Le Sud autonome et les autres régions du Royaume du Maroc ont besoin
d’une union nationale avec des droits réels chez eux, sur place. Que
peut leur donner une telle union sans une démocratisation complète ?
Quelle est la nécessité d’une union nationale, quand il y a
démocratisation complète ?
Il est évident qu’aucune des régions n’offre une homogénéité nationale
complète. Ces régions ont besoin non pas d’une union artificielle, mais
des droits réels chez elles, localement. Que peut leur donner une telle
union sans une démocratisation complète ? Ou plutôt : quelle est la
nécessité d’une union nationale, quand il y a démocratisation complète ?
Qu’est ce qui trouble particulièrement les différentes
« minorités amazighs» au Maroc?
Si les régions souffre du manque de la justice socio-économique, de la liberté politique, de la liberté de conscience, de la liberté d’expression, etc. ; accordons-leur ces droits et ces libertés et leur mécontentement perd toute légitimité. Si les « minorités amazighs » éparses sont mécontentes de l’absence du droit d’apprendre dans les écoles leur langue maternelle (amazigh), donnons-leur des écoles et le droit de l’usage de leur langue maternelle et leur mécontentement perd tout fondement.
Ainsi, l’égalité nationale sous toutes ses formes (économique, politique, sociale, culturelle, linguistique, etc.) est le point indispensable dans la solution de la question nationale. Il faut donc un Etat établi sur la base de la démocratisation complète du Royaume interdisant toute espèce de privilèges nationaux sans exception et toutes entraves ou restrictions, quelles qu’elles soient, aux droits fondamentaux du peuple marocain tout entier. C’est en cela seulement, que peut résider la garantie réelle, et non fictive, des droits des régions et des minorités dans un cadre national global.
CHATAR Saïd
Le 05-06-2011