Le peuple algérien peut-il hésiter, quand l’injustice et la corruption se déploient autour de lui ? Peut-il hésiter à choisir la justice et la vie dans la dignité ? S’il continue à hésiter, il sera sûrement perdu. Le peuple qui cherche sa voie se trouve souvent devant plusieurs choix dont un seul est possible pour l’esprit libre qui méprise les voies de l’arrivisme et de l’opportunisme. L’esprit libre est toujours du côté de la justice, de la cohérence, et du progrès, c’est-à-dire du côté du peuple.

C’est pourquoi l’indépendance et la liberté dictent au ‘’Hirak’’ algérien d’être pour l’évolution, pour le progrès, de lutter contre le découragement, la lassitude, le scepticisme quand il commence à connaitre les hommes, à se rendre compte de ce qu’il y a de factice et de mensonge au fond de tous les gestes humains. Alors quel choix doit-il faire pour l’avenir de la société ? Le manque de confiance, les doutes et les tergiversations sont souvent l’unique réponse du ‘’Hirak’’ aux questions que le peuple algérien se pose en face de l’injustice, l’ambiguité politicienne, le sabotage,  la tricherie, l’oppression, l’autoritarisme, la pénibilité, la souffrance de la vie que les gouvernants lui font subir. Ainsi, la situation dans laquelle se trouve le peuple algérien consiste en les doutes qui s’opposent et se succèdent : soit le doute des forts, soit le doute des faibles.

Le doute des forts et des patriotes du ‘’Hirak’’ est d’envisager cette question de douleur et d’inquiétude non seulement avec sagesse, sérénité, pacifisme et fermeté comme il est en train de le faire aujourd’hui, mais aussi et surtout avec des propositions concrètes permettant au peuple algérien d’éviter les ruses et les stratagèmes machiavéliques destinés à le maintenir dans le statu quo catastrophique actuel (voir notre article précédent intitulé : ‘’La révolution démocratique en Algérie’’.

Quant au doute des faibles, c’est une abdication. Les efforts que ces faibles font pour soigner leurs intérêts immédiats sont en rapport avec leur scepticisme. Ils ne conçoivent rien au-delà de leurs intérêts personnels. Ces gens-là n’ont pas de scrupules. L’égoïsme obscur habite leurs méninges. C’est pour cela qu’aucune raison ne peut les faire pencher du côté de la vérité. Ils sont enfoncés jusqu’au cou dans la soumission, la corruption, la courtisanerie, l’obséquiosité, l’équivoque, pour vivre sans chercher le pourquoi de la vie.

Le Hirak algérien fait-il partie d’un monde sans but ? Au lieu de se contenter de ce qui est, il devra sans hésitation  aucune se décider et agir dans le sens de la justice et du respect de soi-même. C’est le seul but à poursuivre. Toutefois, quand on considère les hommes avec toutes leurs imperfections, peut-on croire que la société algérienne puisse se transformer en un jour, même si des démagogues et des soi-disant réformateurs qui ne sont pas réformés eux-mêmes n’arrêtent pas de parler d’une transformation immédiate de celle-ci ?

Malheureusement, il y a en face de la liberté et de la justice les douleurs du réel. Il y a la vie égoïste et mesquine de la tyrannie, de l’oppression, de l’exploitation, de la mystification obscurantiste. Cependant, les Algériens qui sont un peuple vaillant ne se découragent jamais pour cela en acceptant de vivre enchainés.

La société algérienne a accumulé sur sa route de nombreux obstacles. La vie du peuple algérien a toujours été un supplice avant et après l’indépendance, que la lutte et l’espoir peuvent rendre supportable. La lutte et l’espoir le font découvrir au peuple algérien dans la réalité de tous les jours en lui élargissant le champ d’action et des espérances. Il n’y a rien de plus triste et de plus malheureux que de désespérer et de se décourager. Le courage, la lutte et l’espoir ne veulent pas que les hommes restent sous une impression de déception et de découragement. Ils s’ajoutent à leur existence de tous les jours pour les obliger à penser et agir en adoptant des stratégies et en fixant des objectifs en vue de transformer la réalité difficile dans laquelle ils se débattent. Le courage, la lutte et l’espoir conduisent à l’action qui a toujours un but.

Saïd CHATAR

Bruxelles