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Les tentatives de réformes au Maroc

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Les tentatives de réformes au Maroc

Position du problème

La situation politique d’aujourd’hui au Maroc plonge ses racines dans l’absence des institutions suffisamment représentatives du peuple. Depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, toutes les constitutions octroyées n’ont jamais émané du peuple, mais plutôt imposées d’en haut par le Makhzen qui a toujours souillé les élections de trucage en essayant de s’opposer aux aspirations d’émancipation et d’ascension du peuple marocain. 

Ces évolutions constitutionnelles successives sont inhérentes au système politique institué par le Makhzen qui a toujours écarté le peuple de l’élaboration des institutions qui doivent régir la mobilisation des Marocains pour l’édification d’un royaume stable, prospère et démocratique.

Et dès lors, en dépit de quelques concessions tactiques que le pouvoir a faites en nommant à la tête du soi-disant gouvernement de transition, M. Abderrahmane EL YOUSSFI, le taux de participation aux élections communales et législatives qui n’a jamais dépassé les 27% met le Makhzen dans le doute et l’incertitude.Face à cette méfiance que le citoyen marocain éprouve envers le pouvoir, la question que l’on peut se poser est la suivante : face à cet état de choses, le vote a-t-il un sens aujourd’hui au Maroc ? 

De même, en matière de débat institutionnel, philosophique et socio-idéologique, le Maroc ne connait pas pour le moment suffisamment d’échanges riches et constructifs qui pourraient aboutir à un vivant équilibre lui permettant d’en profiter et d’en recueillir le fruit d’un projet de société moderne où l’Etat actuel tendra, progressivement, vers un Etat de droit en phase avec le monde actuel et ses valeurs universelles, capable de protéger la liberté de chaque individu. Toutefois, malgré l’opposition et le sabotage ‘’des féodalités politico-financières’’ et leurs politiciens de pacotille, le royaume du Maroc va-t-il avoir l’audace politique de procéder à des grandes réformes institutionnelles concernant la décentralisation et la relation entre le centre et les collectivités de la périphérie, la géographie, la géopolitique à l’échelon national, régional et international, et par voie de conséquence l’ébauche d’une monarchie parlementaire ?

Tentatives de réformes au Maroc

L’inévitable lutte entre les conservateurs et les traditionalistes d’une part, et les ‘’modernistes’’ de l’autre, qui dégénère souvent en dispute, devrait normalement être féconde pour la société marocaine. Les premiers s’évadent souvent dans les rêves, le passéisme, l‘irréalisme, l’inutile intransigeance, voire l’obscurantisme. Il est à noter à ce sujet que certains extrémistes récalcitrants se faufilent adroitement parmi les conservateurs et les traditionalistes pour trahir le ‘’livre Saint’’ (le Coran) et instrumentaliser la religion au service des forces occultes qui préfèrent pêcher dans l’eau trouble en vue d’encourager le terrorisme…

Par contre, les dangers qui guettent les ‘’modernistes’’ sont l’installation dans le terrestre, les compromis tournant aux compromissions avec le collectivisme paroxysmique pour les communistes ou avec le grand capital apatride et ses consortiums, ses holdings, ses Majors pétroliers, ces complexes militaro-industriels pour les libéraux et les néo-libéraux…

A l’heure actuelle au Maroc, seul un gouvernement de consensus comprenant le Parti de l’Istiqlal (P.I) sera en mesure d’incarner le changement dans la continuité et d’apporter des propositions et des préconisations permettant à la coalition de plier la machine sociologique de la société marocaine aux exigences de l’humain, ainsi que le retour aux formations sociales d’échelle humaine.

Le parti de l’Istiqlal qui est de tendance médiane entre les inspirations conservatrices d’un côté, et modernistes de l’autre*, dispose d’un projet de société en phase avec la société marocaine actuelle. Dans ce même esprit, le PPS qui préconisa dans son projet politique l’institution d’un programme d’union nationale et démocratique, ne pourrait-il pas constituer, dans la cadre d’une alliance stratégique avec le parti de l’Istiqlal un pivot sur lequel pourront s’emboîter les autres forces politiques qui aspirent à des perspectives de renouveau et de progrès ? Toutefois, encore faudra-t-il que les conditions et les circonstances politiques internes (l’interférence makhzénienne) et géopolitiques (pressions externes, surtout françaises) le lui permettent.

En dernier lieu, n’est-il pas urgent que les forces démocratiques et patriotiques marocaines forment une ‘’koutla’’ (un large front) autour d’un programme ‘’national’’ et démocratique capable d’engendrer une constitution destinée à apporter des réponses à des besoins réels et ressentis du peuple marocain tout entier pour affronter les grands défis socio-économiques et politiques de ce 21ième siècle.

Saïd CHATAR

Le 21 novembre 2020

(*) voir l’essai que Si Allal Al-Fassi avait écrit en 1951, intitulé ‘’Al-Naqd al-Dâti’’, (‘’L’autocritique’’ en Français) où il avait essayé de développer une pensée ou plutôt une introspective radicale concernant le conflit entre les ‘’traditionalistes’’ et les ‘’modernistes’’ et ce à travers une analyse critique fine et pertinente sur la contemporanéité et le contemporain …