Home Analyse & Opinion Clin d’œil sur la problématique géopolitique au Maghreb  (le conflit algéro-marocain) 

Clin d’œil sur la problématique géopolitique au Maghreb  (le conflit algéro-marocain) 

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Préambule 

Avant de commencer cet article relatif à la problématique géopolitique au Maghreb (le conflit algéro-marocain), j’ai cru utile de revenir sur une fable que j’avais lue durant mes études primaires, intitulée ‘’ Les trois bœufs et le lion ‘’ que voici :  

Il était une fois trois bœufs de trois couleurs différentes (un noir, un rouge et un blanc), qui vivaient ensemble pour se soutenir contre les prédateurs. Il y en avait un lion qui voulait les manger mais qui n’osait pas les attaquer tous les trois à la fois. Alors il s’était mis à les surveiller  de loin en réfléchissant comment il va arriver à les dévorer tous les trois. 

Un jour il s’approcha du bœuf blanc et lui dit : tu n’as pas honte de vivre avec ces deux bœufs très laids ? A ta place j’irais brouter fièrement dans la forêt tout seul. 

Le bœuf blanc rumina les paroles du lion toute la nuit et partit le matin dans le sens opposé de ses copains. Aussitôt qu’il fut seul le lion se jeta sur lui et le mangea. Une fois digéré, le lion revint à la charge et raconta la même chose au bœuf rouge qui se laissa convaincre et se fit dévorer à son tour. 

Quelques temps plus tard, le lion se présenta devant le bœuf noir et lui dit : je viens te manger comme je l’ai déjà fait à tes amis et comme tu n’as aucune chance contre moi seul, il vaut mieux te préparer à mourir. Le bœuf noir lui répondit, “de toute façon je suis mort le jour où le bœuf blanc est mort” et il se laissa manger sans opposer aucune résistance. 

Comme à l’accoutumée, à la fin des fables il y a une moralité. Et dans ce cas, la moralité consiste en : ‘’ l’union fait la force, la division cause la perte ‘’. 

Problématique géopolitique au Maghreb (le conflit algéro-marocain) 

De tous les conflits que le Maghreb et le Proche-Orient connaissent, d’abord algéro-marocain à l’Ouest et ensuite israélo-palestinien à l’Est du bassin méditerranéen, dépendra le sort du monde (voir mon article intitulé ‘’L’union du Maghreb, mythe ou réalité‘’).  

Pour ce qui est du Maghreb, l’Algérie et le Maroc qui se disent indépendants et mènent une politique qui n’obéit soi-disant pas aux intérêts des grandes puissances capitalistes, n’arrêtent pas de parler de l’unité maghrébine, mais en réalité il n’en est rien. Même si ces deux pays sont arabophones, amazighophones, voire francophones, ont des langues communes, une géographie commune, une religion islamique commune, rien ne les unit. L’Islam ne peut en aucun cas être un facteur assez puissant pour éliminer leurs divergences économiques et politiques, car ce sont les intérêts de classe qui décident. L’instrumentalisation de l’Islam, comme pour toutes les autres religions, se fait le soutien direct des classes aisées dominantes afin d’exploiter les peuples opprimés et de les maintenir dans les ténèbres en leur promettant un avenir heureux non pas dans ce monde mais dans ‘’l’autre’’, c’est-à-dire dans l’au-delà. Aussi convient-il de rappeler à ce propos qu’en général, là où les pays musulmans (sunnites, shiites, etc.) le peuvent et où leurs intérêts économiques ou politiques concordent, ils cherchent à faire de la religion un instrument soi-disant d’union, mais lorsque leurs intérêts s’opposent, elle devient alors un instrument de haine, de division et de combat. 

Au Maghreb où l’unité de pensée fait défaut, il est absurde d’imaginer pour le moment que l’unité puisse exister entre les deux régimes, marocain et algérien. Car la France qui avait colonisé l’Algérie et le Maroc pendant longtemps y avait établi son hégémonie et des formes de structure et de superstructure qui répondaient uniquement à ses propres intérêts.  

Même après leur indépendance, ces deux pays sont devenus dépendants des grandes puissances capitalistes. Pour servir les intérêts de celles-ci et des oligarchies au pouvoir, les élites dirigeantes du Maroc et de l’Algérie nouent et dénouent des accords avec ces grandes puissances capitalistes qui leur prêtent un puissant soutien pour la réalisation de leurs desseins. Cependant, il faut reconnaitre qu’il y a des éléments progressistes dans les programmes des deux gouvernements algérien et marocain. Néanmoins, ces faibles éléments progressistes qui existent servent d’abord et avant tout les classes au pouvoir et non pas les classes inférieures opprimées et exploitées. C’est pourquoi les rapports entre les classes à l’intérieur de ces deux pays sont rongés par des contradictions qui vont s’aggravant et qui suscitent la rupture du statu quo que les grandes puissances capitalistes cherchent à maintenir pour continuer, à l’instar du colonialisme français de jadis, à empêcher l’harmonisation des intérêts de ces deux États dans leurs rapports réciproques. 

Rappelons à ce propos que ceux qui arrivent vite à conclure à tort ou à raison que cette situation est imputable aux seuls antagonismes entre les deux États, algériens et marocains, nous leur faisons rappeler que d’autres contradictions existent et peuvent s’aggraver à tout moment avec l’évolution de chaque situation. Elles rendent impossible le maintien de ce statu quo tant souhaité par les grandes puissances capitalistes.  

De même, d’aucuns jugent que les facteurs externes de la crise relative au conflit algéro-marocain sont seuls à faire la loi et que la rupture de ce statu quo relatif au conflit algéro-marocain est due uniquement aux contradictions des forces extérieures de l’impérialisme, à leurs désaccords et à leurs luttes antagonistes. Il en résulte que les classes dominantes de l’Algérie et du Maroc, pour tromper leurs peuples, s’appuient tantôt sur une superpuissance tantôt sur l’autre, vantant l’une, stigmatisant l’autre et cherchant à faire croire que, selon que l’on s’appuie sur l’une ou sur l’autre, on a tous les bienfaits ou tous les maux. De toutes les façons, les contradictions n’arrêtent jamais d’agir de manière intensive ou latente, mais elles n’en sont pas moins opérantes…  

En résumé, la situation au Maghreb est confuse et agitée. Elle a apporté de grandes perturbations dans la vie sociale des peuples maghrébins et suscité aux pouvoirs des pays du Maghreb des tracas sans remèdes jusqu’à présent. Les puissances capitalistes et leurs grands monopoles font des pressions par tous les moyens sur l’Algérie et le Maroc en essayant de faire d’eux leurs satellites en vue de temps difficiles. Pour le moment, tout indique que l’impérialisme avance dans ce sens au Maghreb.  

Saïd CHATAR 

25 / 09 / 2023 

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